Présentation de mon parcours pour préparer une emission sur France 3 occitanie.

    Je suis autodidacte et découvre le modelage et les ateliers de modèle vivant en 2003 chez ma belle-sœur Annie Schetrite artiste peintre en région parisienne. Ma compagne Sylvie, elle-même autodidacte, artiste peintre, est une assidue des ateliers de Modèle vivant, depuis très longtemps.

     A l’époque j’avais 50 ans, je travaillais comme ingénieur et nous venions ma compagne et mes deux filles, d’arriver dans la région de Toulouse. Plus jeune j’avais fait de la poterie. L’argile, la manipulation de la terre, sa réaction, sa facilité à prendre les formes, étaient passionnantes, plus surement que de les colorer. Je n’ai jamais vraiment abordé la céramique.

     Les tous premiers ateliers m’ont captivé.

     J’ai découvert comment se développait l’acuité du regard, et comment le regard persistait après la séance et s’accrochait sur les moindres petits détails des gens que l’on croise dans le métro, dans la rue.

     J’ai découvert le rapport sensible avec le modèle dont le rôle est de proposer une expression portée souvent par la connaissance de son propre corps. Notre regard transmet à nos mains ce que nous ressentons de cette proposition. Une grande concentration et en même temps un lâcher prise s’opèrent. Le regard effleure la surface du corps et va chercher les moindres courbes, les moindres inflexions, la beauté d’une ligne. C’est un grand privilège d’être dans un atelier avec modèle vivant.

     J’ai découvert la part d’humanité que porte le corps nu. Une certaine fascination pour cette incarnation à laquelle nous sommes tous réceptifs. Elle nous amène à déconstruire notre imaginaire, à être humble devant cette confrontation.  

     Sur Toulouse j’ai rapidement décidé d’organiser des ateliers collectifs de modelage avec modèle vivant pour poursuivre cette expérience et pour l’offrir à de nouvelles personnes. Chaque atelier devient une expérience humaine, sensible où le modèle imprime sa personnalité.

     Et j’ai commencé à m’interroger à la place du corps des femmes dans l’art, depuis la préhistoire avec la série "Idoles", mais plus largement à celle des femmes dans l’Humanité, soumises au patriarcat, à la domination des hommes, en réalisant des « séries » qui sont des ensembles de sculptures autour d’une même thématique.  L’une de ces séries s’appelle d’ailleurs "Sujétion"  et est construite pour contribuer à une réflexion sur les multiples oppressions que les femmes subissent « dans le silence de l'histoire ».

     Pour ces travaux personnels, j’invite un modèle à partager ma thématique. On échange sur le sujet et si cela convient alors on se met au travail. Chacune des sculptures est réalisée en deux temps : un premier où nous travaillons ensemble à la pose, à l’expression recherchée puis à la réalisation et à l’expressivité de la sculpture, puis dans un deuxième temps je réalise en dehors de la présence du modèle, les finitions, les détails qui vont donner vie au projet.

     J’aime aussi quand la pose me donne des problèmes techniques difficiles pour lesquels il faut trouver des solutions spécifiques pour la réaliser.

     Mon attrait est pour le naturalisme où les sens (le regard, le toucher, même l’odeur de la terre) conduisent la sculpture, les poses sont alors les plus naturelles possibles. Et seuls les détails, les tensions, les relâchements, les petites imperfections, font vivre la sculpture. Nombreuses sont mes séries qui ont cette approche, même si d’autres travaux comme des travaux abstraits sont plus dans un imaginaire expressif.

     La dernière série en cours de création "Corps en scène", est inspirée par les photos de Francesca Woodman que j’ai découverte grâce à France culture. Elle est une réflexion sur notre corps, sur ce que l’on donne à voir, sur l’incarnation que nous portons, sur sa théâtralité. C’est une proposition sur la mise en scène de nos corps comme outil d’expression. Le rôle du modèle est alors pour moi primordial, et j’ai eu la chance pour cette série, de rencontrer une femme qui est chorégraphe et danseuse et qui partage les mêmes vibrations que moi avec le travail de la photographe.

     Dans un tout autre rapport au modèle, J’ai été attiré par une représentation sensible de personnes en réalisant quelques "Portraits" pour lesquels la démarche du sculpteur est avant tout d’être au service de la personne captée. Pour ce travail j’ai ressenti la vérité de la recherche de Rodin : "la seule ressemblance qui vaille est celle de l'âme", et l'expression de cette "vie intérieure".

    Je reste avant tout un amateur, je propose des sculptures pour le plaisir de partager quelques instants dans des galeries ou dans des expositions collectives.

Lien vers l'emission de France3 occitanie

23 juin 2023

Michel