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Soleil matinal - 2021

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Si j’avais été fumeuse, j’aurais surement allumé une cigarette, tenue entre le majeur et l’index, pour profiter de ces quelques instants privilégiés, rien qu’à moi. Une volute de fumée aurait troublé ce soleil matinal. Un soleil bien droit, éveillé, un peu trop chaud pour rester allongée, puis faire durer, les yeux fermés, avec le frottement des draps sur la peau, cette impression de grande plénitude, de douceur, de la mémoire d’une présence corporelle.

Mais peut-être tout autant celle d’une attente, les cheveux défaits, qui glissent sur le dos et le caresse.

Son regard est profond, empli d’un moment de vie, vif, satisfait. Son corps est là, sans intention, sans proposition, sans particulièrement d’abandon. Il pèse et s’enfonce dans ce matelas peut être bon marché. Le bassin s’y glisse, disparait un peu. Les mains s’abandonnent.

Elle est observée. C’est une sculpture, elle est faite pour cela, elle n’est pas gênée. Un léger sourire se dessine s’ouvrant sur une fine ligne de dents. Se sait-elle observée ?

La silhouette est longue, les jambes sont longues, les bras semblent démesurés, est-ce un effet de mon imagination ? L’observation perturbe la vision. Pourtant des détails infimes nous attirent, un petit sein tombant, un ventre rebondi, un pied un peu rond, un doigt de pied troussé, un muscle avachi… Et ce poignet bizarrement fléchi. Ce coude en équilibre incertain. Ce bras glissant sur la jambe.

Notre regard nous emmène dans son rêve comme sa présence, objectivée, nous y invite. Ainsi voudrais-je que nous nous y arrêtions, nous lâchions toute retenue, pour qu’elle nous renvoi notre reflet comme un miroir sans tain derrière lequel nous nous observerions la regardant. Pour nous apprendre.

Peut-elle me voir mieux que je ne sais la voir. L’objet a-t-il conscience d’être vu, nous voit-il pour qu’il nous interpelle avec autant de force ? « Oui, laissez-moi rêver : comme la plupart des choses renvoient la lumière tout autant qu’elles la reçoivent, la piègent et la traitent, j'imagine qu’elles voient tout autant qu'elles sont vues. Je me crois, je me vois vu par elles » nous dit Michel Serres.

Me voici dans son champ de vision, dans son camp. Encore quelques instants d’observation et peut-être basculerais-je dans son clan. Son regard se détourne vers moi, elle m’observe attentivement et me détaille. Tente de saisir ce qui m’attire, de l’analyser, de le rendre séduisant.

Je deviens le sujet de mon regard, l’objet de mes réflexions.

 
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